« Les relations de l’homme à l’œuvre d’art ne sont pas de l’ordre du désir. Il la laisse exister pour elle-même, librement, en face de lui, il la considère, sans la désirer, comme un objet qui ne concerne que le côté théorique de l’esprit. C’est pourquoi l’œuvre d’art, tout en ayant une existence sensible, n’a pas besoin d’avoir une réalité tangiblement concrète ni d’être effectivement vivante. Elle ne doit même pas s’attarder sur ce terrain puisqu’elle ne vise à satisfaire que des intérêts spirituels et qu’elle doit exclure tout désir.
Dans la contemplation spéculative, l’esprit ne s’intéresse pas à l’individualité des choses; il ne s’agit ni de les consommer, ni d’y puiser satisfaction et subsistances sensibles; ce qui l’intéresse, c’est de les connaître dans leur universalité, de pénétrer leur essence et leur loi intérieures, de les saisir conformément à leur concept. »
Hegel. Esthétique, Paris, PUF, 1973, p. 17.