« La question de Job fut depuis toujours la question capitale de la théodicée – de la théodicée universelle.
Rien de tout cela ne prend plus effet avec l’évènement qui porte le nom de “Auschwitz”. Ici ne trouvèrent place ni la fidélité ni l’infidélité, ni la foi ni l’incroyance, ni la faute ni son châtiment, ni l’épreuve, ni le témoignage, ni l’espoir de rédemption, pas même la force ou la faiblesse, l’héroïsme ou la lâcheté, le défi ou la soumission. Non, de tout cela Auschwitz, qui dévora même les enfants, n’a rien su.
La déshumanisation par l’ultime abaissement ou dénuement précéda leur agonie ; aux victimes destinées à la solution finale ne fut laissée aucune lueur de noblesse humaine, rien de tout cela n’était plus reconnaissable chez les survivants, chez les fantômes squelettiques des camps libérés.
Et pourtant – paradoxe des paradoxes –, c’était le vieux peuple de l’Alliance, à laquelle ne croyait plus presque aucun des intéressés, tueurs et mêmes victimes, c’était donc très précisément ce peuple-là et pas un autre qui fut désigné, sous la fiction de la race, pour cet autre anéantissement total : le retournement horrible entre tous de l’élection en une malédiction, qui se moquait de toute interprétation. Il y a donc bien malgré tout une relation – de la nature la plus perverse qui soit – avec les chercheurs de Dieu et les prophètes d’autrefois, dont les descendants furent ainsi sélectionnés dans la dispersion et rassemblés dans l’union de la mort commune. Et Dieu laissa faire. Quel est ce Dieu qui a pu laisser faire ? »
Hans Jonas. Le concept de Dieu après Auschwitz, Paris, Payot & Rivages, 1994, p. 10, 11, 12.
Entre Bonté, Intelligibilité et Puissance, l’auteur choisit d’exclure l’attribut classique de la puissance. Sa philosophie spéculative est celle de l’impuissance de Dieu.
Passivité, non-réalisation, retrait radical, dépendance. L’impuissance ontologique d’un Dieu « pauvre » dont le destin est d’être tombé entre les mains de l’Homme… devenu alors elokim lui-même.
> Analyser dans quelles mesures l’impuissance de Dieu ne tient pas sur le plan strictement logique (exit les articles de foi).
> Dire pourquoi l’auteur s’est trompé en refusant de choisir la seconde option (inintelligibilité de Dieu) et démontrer dans quelles limites justement s’exprime cette incompréhensibilité.
> Expliquer en termes juifs en quoi la Shoah fut l’exact contraire d’une présupposée impuissance divine; mots-clefs dans le désordre : tikoun, kidoush h’, tchouva.
> Pour les fayots et les premiers de classe : vous préparez un texte sur la relation entre «Holocauste » et « sublime ».