— Pour cet exercice, il faut pousser, pousser comme au ski, serrez l’anus, rentrez le sternum, comme si vous montiez à cheval. Et arrêtez de vous balancer Myriam ! Vous bougez bien trop des épaules.
— Oups ! Pardon, j’oublie à chaque fois.
— On recommence. Mais où sont vos partitions ?
— Dans le métro, peut-être, sur un siège.
— Ce n’est pas sérieux tout cela.
— Monique, j’en ai marre de toujours faire les mêmes refrains, moi je veux de l’opéra, du Bach, ou alors Jaroussky sa reprise de « Vedrò con mio diletto » m’enchante en ce moment !
— Elle veut chanter du Bach. L’ambitieuse. Quant à Jaroussky, il est soprano.
— Bah quoi, moi aussi.
— Non Maria. Vous ne l’êtes pas. Vous n’êtes d’ailleurs même plus mezzo mais contralto.
— Comment ça ? Vous êtes sûre ? (l’air faussement déçu, Narcisse).
— En effet, contralto dramatique, et votre tessiture est…
— J’ai mué de la voix ? Ou c’est la cigarette ? Et puis, c’est normal que je ne sache toujours pas lire une partition ? Après six ans de supplice bi-hebdomadaire pour décrocher mon diplôme, c’est alarmant.
— Dans ce cas, nous allons reprendre ensemble les fondements du solfège.
— Quoi ? Non, non, par pitié, Monique ! Je m’y refuse. Il en est hors de question. C’était pire que les mathématiques et on s’appelle pas tous Roobaert (enfoiré de belge).
— N’exagérons rien, voyons.
— Si si, je préfère encore manger du vomi, merci, au revoir.
— Pardi, Marianne, calmez-vous, quelle emphase !
— Monique, je déteste le solfège, d’accord ? Je ne connais même pas la différence entre une clef de Fa et une clef de Sol. Je hais le solfège plus que les guerres dans le monde.
— Oui oui, allons, allons, Mariam, reprenons sur le mi bémol majeur… je dois bientôt filer à Pontoise.