— Juive, anglaise, noire. J’ai fait sa découverte vendredi.
— Quelle fermeture d’esprit. La meuf découvre Amy Winehouse en 2020. Je rêve.
— Par contre je savais qu’elle était morte d’une overdose. Je me souviens combien je l’avais méprisée. Il faut admettre que c’est une personnification de la vulgarité. Je la trouvais hideuse, sale, sans intérêt, junky et déchet de la société.
Aujourd’hui, atteinte par sa disparition. Pas vraiment sur le plan humain mais sur le plan musical : la perte de ce qu’elle aurait pu produire.
Rimbaud est mort ultra jeune aussi. Après une seule œuvre magistrale (dit-on).
Je me rappelle bien avoir pensé : mais qui est encore cette illustre inconnue pseudo star, une autre Britney femme à scandale. J’avais fait du voyeurisme en allant taper son nom sur Google Images, je voulais voir sa décrépitude, son corps amaigri, les « avant/après » addictions et anorexie, mater les photos d’elle complètement ivre et droguée avec des dents en moins. Je faisais des zooms sur ses cuisses.
— Elle a déjà été trop bourrée pour pouvoir chanter.
— Tu parles de la scène filmée par un spectateur où elle pleure ? L’indifférence générale des fanatiques.
***
Écoute et regarde. Elle s’approprie chaque note, chaque mot. Elle est musicalité, elle devient mélodie, elle est en soi voix de nostalgie. Je commence à comprendre un peu, maintenant, ce qu’est la soul…
Laissez-moi faire mon deuil. Laissez-moi écouter Amy pour le restant de ma vie.
Quelle inspiration (pour moi, renouvellement).
Quelle déchéance (pour elle… tragique sur tous les plans).