« J’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre.
Connaissez donc, superbe, quel paradoxe vous êtes à vous-même ! Humiliez-vous, raison impuissante !
Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser.
Ils ont un instinct secret qui les porte à chercher le divertissement et l’occupation au-dehors, qui vient du ressentiment de leurs misères continuelles.
Ainsi s’écoule la vie, on cherche le repos en combattant quelques obstacles. Et si on les a surmonté, le repos devient insupportable par l’ennui qu’il engendre. Il en faut sortir et mendier le tumulte.
Que le cœur de l’homme est creux et plein d’ordure. »
Pascal. Les pensées, Paris, LGF, 2000, p. 117, 120, 121, 128.