Nec certam sedem, nec propriam faciem, nec munus ullum peculiare tibi dedimus, o Adam, ut quam sedem, quam faciem, quae munera tute optaveris, ea, pro voto, pro tua sententia, habeas et possideas. Definita ceteris natura intra praescriptas a nobis leges coercetur. Tu, nullis angustiis coercitus, pro tuo arbitrio, in cuius manu te posui, tibi illam praefinies. Medium te mundi posui, ut circumspiceres inde commodius quicquid est in mundo. Nec te caelestem neque terrenum, neque mortalem neque immortalem fecimus, ut tui ipsius quasi arbitrarius honorariusque plastes et fictor, in quam malueris tute formam.
Nous ne t’avons donné ni face, ni place qui te soit propre, ni aucun don particulier, ô Adam, afin que ton visage, ton statut, et tes facultés, tu les désires, les conquières et les possèdes par toi-même, selon tes vœux. La nature enferme certes d’autres espèces soumises à des lois préétablies. Mais toi, aucune restriction ne te bride, c’est au moyen de ton libre arbitre, entre les mains duquel Nous t’avons confié, que se fera l’occasion de ta définition. Nous t’avons placé au milieu du monde, afin que tu aies la possibilité de mieux contempler ce qu’il contient alentour. Si Nous ne t’avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c’est afin que, doté d’un pouvoir presque honorifique de te modeler et de te façonner de manière endogène, tu te confères les traits qui aurait eu ta préférence.
Pic de la Mirandole, De hominis dignitate, 1486.