– Où en Italie ?
– Milan (une lubie de la madre) puis Vérone (une joie pour mon frère). Perso, j’aime Florence.
– J’y vais en décembre justement. Et Rome ?
– Roma… j’ai dit à ma mère : non, pas cette ville steplé. C’est trop intense, tu comprends ? C’est une ville religieuse, dotée d’une histoire absolue et puissante. Donc, non, j’irai seule, parcourir musées et églises. Tomber.
– Elle est magnifique, la ville, et comme tu dis c’est très intense.
– Je peux pas gérer, avec elle en plus. Tu connais le syndrome de Stendhal ?
– Non, éclaire-moi.
– C’est un ensemble de symptômes physiques et psychiques qui résulte d’une surabondance de beauté. Un fracas intérieur lié aux œuvres d’art. Un malaise de bonheur, d’incompréhension, de soumission : on est sous le joug d’une profusion de beauté vécue comme une avalanche.
Ça m’est arrivé au Louvre et ailleurs. Je ne veux pas imposer ça à ma mère. Et son comportement anxiogène troublerait mon extase.
– Je comprends. Quelle intensité alors va te procurer Rome !
– Je ne me sens pas prête. Déjà Jérusalem, j’étais coupée de mes émotions.
– Mais du coup tu peux tout de même profiter du moment ? Ou alors tu as trop mal ?
– Je profite, mais en luttant. Le Palais des Doges (Venise) c’est essoufflant par exemple. Tu vois les fresques… bibliques… la vie des hommes. Leur antiquité. L’omniprésence de quelques idées grandioses.