« Quand on souffre du manque de came, il semble n’y avoir plus d’issue. Les douleurs causées par la privation sont l’inverse du plaisir qu’on tire de la came. Le fait qu’on en ait besoin est le plaisir en soi. Les camés vivent à l’heure de la came et avec un métabolisme régie par elle. Ils vivent dans le climat de la came, qui peut, suivant les cas, les réchauffer ou les glacer. Le plaisir qu’on tire de la came est de vivre sous sa loi. On ne peut échapper aux douleurs du sevrage, pas plus qu’on ne peut échapper au plaisir qui suit une piqûre. J’étais trop faible pour pouvoir me lever. Je ne pouvais pas non plus rester allongé. Pendant le sevrage, tout paraît intolérable, l’action ou l’inaction.
Un type peut mourir simplement parce qu’il ne supporte plus de rester dans sa peau ».
William S. Burroughs. Junky, Paris, Gallimard, p. 96.