« Il devrait y avoir une répression des lois contre les écrivains ineptes et inutiles, comme il y en a contre les vagabonds et les fainéants. On bannirait des mains de notre peuple et moi et cent autres. Ce n’est pas une plaisanterie. L’écrivaillerie semble être quelque symptôme d’un siècle déréglé. Quand avons-nous autant écrit depuis que nous sommes en proie aux troubles ? Quand les Romains l’ont-ils fait autant que lors de leur ruine ? La corruption du siècle est faite de la contribution personnelle de chacun : les uns y apportent la trahison, les autres l’injustice, l’irréligion, la tyrannie, l’avidité, la cruauté selon leur puissance; les plus faibles y apportent sottise, vanité, oisiveté, et j’en fais partie. »
Montaigne. Les Essais. Paris, Hachette, 1994, p. 265.